Le son

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Son enregistré par les enfants du campement de Ginestous/ intervenante en son Gwladys Déprez/ montage Elsa Deshors / traducteur Christian Lichiardopol.

photo de Natacha Leguy

Atelier son avec Gwladys.

La municipalité est là, représentée par trois hommes. Leurs corps barrent l’accès au terrain nouvellement ouvert. Christian ouvre le dialogue. Il explique qui nous sommes et tente d’accrocher les regards. Pas de réponse. La scène qui se passe devant nous n’a pourtant rien d’un mystère : un homme au volant d’un tractopelle déblaye les gravats. La mairie ne doit pas vouloir prendre le risque d’assumer un accident et préfère l’éviter.

Indifférence.

Une robe de mariée blanche est accrochée à un arbre, les enfants jouent autour. Ils se cachent sous les jupons. Le mariage a été annulé selon eux. La fille n’était pas vierge. Ils rigolent. Il nous disent qui c’est : une jeune fille teinte en blonde d’une quinzaine d’année.

L’atelier tourne cette fois-ci autour du son. Gwladys leur donne des enregistreurs et posent un casque sur leurs oreilles. Leurs yeux s’illuminent étonnés et impressionnés par leur écoute. Ils crient dans le micro des autres pour leur casser les oreilles.

Allez, silence, on enregistre !

Bruit de pas, voiture qui passe, eau qui coule, une petite chanson etc…

Découverte et exploration sonore !

Scrounch scrounch – plus de bruit d’enfants – c’est l’heure du gouter !

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Toi, nous et moi ! Portraits !

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Portraits réalisés par les enfants du campement de Ginestous/ photographe intervenante Léah Bosquet/ montage Elsa Deshors / traducteur Christian Lichiardopol.

Quatrième atelier vidéo sur le campement Rroms de Ginestous. 

Nous arrivons un peu tard sur le campement. Un feu brûle. Une épaisse fumée noire s’en échappe. Le terrain vague à côté du campement va bientôt être occupé. Au centre, une étrange usine de briques tombe en ruine. Elle me fait penser à ces hautes cheminées qui accueillent pendant un temps les cigognes. Oiseaux de passage, j’imagine ces migrateurs planer un instant au-dessus de notre groupe et s’envoler vers le Sud et sa chaleur.

Le campement est au bord de la route. J’ai peur pour les enfants à chaque fois que je viens. Les voitures passent rapidement même si ce n’est pas très fréquenté. Les enfants courent, traversent, jouent sans prêter attention à ce danger.

Aujourd’hui, une caravane de voiture s’approche doucement sur la route. Klaxons. Mains qui s’agitent de l’intérieur pour saluer. Les fenêtres des véhicules s’ouvrent, la musique surgit : ce sont de nouveaux arrivants.

On casse un mur pour relier le campement au terrain vague, futur lieu d’habitation. La fumée continue de polluer le bleu du ciel.

L’atelier est cette fois-ci animé par Léah, photographe. Ce sont les mêmes enfants que l’on retrouve et quelques nouveaux. On leur propose de réaliser des portraits et de choisir quelle partie du corps ils souhaitent montrer. En entier ou juste leur nombril, leurs yeux… Ils savent de mieux en mieux manipuler la caméra. Ils ont du mal à ne pas se mettre dans le champ lorsqu’ils se prennent en photo.

A chaque atelier, les parents s’adressent à Christian pour envoyer les enfants à l’école. C’est la mairie qui s’en charge sur Ginestous et rien ne bouge. Il faudrait créer une nouvelle classe d’intégration scolaire (CLIS) quelque part à Toulouse. Cela prend du temps. Je pensais que l’école était un droit pour les enfants. Je découvre que les enfant Rroms n’ont pas les mêmes droits que les autres en France.

Photo de l’atelier par Natacha Leguy, cliquer dessus pour afficher le diaporama.

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Jour de pluie, gris souris

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Photos et montage Elsa Deshors/ son Sullivan Meneau/ traducteur Christian Lichiardopol.

Troisième atelier : 

Le terrain est envahi de flaques de boue,

Il fait froid.

Bidonville et hiver.

Les enfants nous accueillent maintenant avec enthousiasme, leur timidité s’efface et laisse place à une agitation générale. Des parents nous prêtent leur caravane où il fait chaud.

Installation, empilement, genoux contre genoux, tête contre tête, on regarde des films.

Charlie Chaplin, « les temps modernes ».« Yoyo » de Pierre Etaix. Il rient.

Des films muets c’est mieux pour le moment car les enfants ne vont toujours pas à l’école, Ils ne connaissent que quelques mots de français. Leur parents veulent q’ils étudient mais selon les établissements contactés, il n’y aurait pas de place. 

Je montre enfin un film en couleur. Ils approuvent. Le noir et blanc n’est pas leur tasse de thé ! C’est « Mon oncle » de Tati.

Dans tous ces extraits, des personnages se cachent. Charlie fume une cigarette dans les toilettes.Les personnages des enfants dans Tati font des blagues aux passants, et Yoyo pénètre un lieu interdit.

Je leur propose de filmer à leur tour leurs cachettes et de choisir le point de vue de celui qui regarde, celui qui est caché ou celui qui cherche la personne. Malheureusement, lorsque nous sortons pour l’exercice une rafale de pluie s’abat sur nous. Il nous faut abandonner l’atelier. Les enfants rentrent dans leurs caravanes et nous repartons un peu déçu…

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Des couleurs dans la tête

Regarder le film :

réalisé par les enfants du campement de Ginestous/ Réalisatrice intervenante Elsa Deshors/ montage Elsa Deshors / traducteur Christian Lichiardopol.

Suite de couleur dans le campement : Un arc en ciel passe par là…

Deuxième Atelier

Aujourd’hui, RIEN ne va, tout le monde se sent FLAGADA.

Lorsque Natacha et moi arrivons au campement en camion, une mère s’adresse à nous en espagnol : « Tous les enfants sont malades ». Deux garçons sortent tout de même en courant pour participer à l’atelier vidéo.

On continue vers l’autre campement, des hommes nous saluent. Christian, traducteur roumain prend les devants et entame la discussion. L’homme en blouson de cuir noir nous explique, « Ce n’est pas possible de faire venir des enfants avec ce froid car on a plus l’électricité. » Une note de 9 000 euros d’impayés flotte au-dessus des têtes. La galère.

Le temps de cette discussion a suffit à guérir les enfants du premier campement.

Lorsque nous revenons ils sortent un à un de leur caravane alors que les mères les disputent. Malgré le beau temps, fait un froid de canard aujourd’hui et le plumage des petits canetons est mince pour l’hiver.

Alex a une idée de film.

  • Déjà ? Je m’interroge.
  • … Bon d’accord.

On traverse la route pour se retrouver dans le champ d’herbes et de petits déchets situé en face du campement. Les enfants se sont appropriés cet espace et les quelques arbustes chétifs qui tentent d’y pousser. Chaque gamin arrose son arbre et lui ajoute de la terre. La nature, c’est ce qu’ils veulent filmer en exclusivité.

Voici pour vous le résumé du film d’Alex :

La Princesse Gentille arrose les arbres alors que La Princesse Méchante les casse. L’Epouvantail parle à Princesse Gentille et ils vont voir le Roi qui transforme l’homme de paille en homme de chair. Ils s’en vont joyeux mais en chemin ils rencontrent la Princesse Méchante qui heureusement se change en pierre…

Regarder le film :

réalisé par les enfants du campement de Ginestous/ Réalisatrice intervenante Elsa Deshors/ montage Elsa Deshors / traducteur Christian Lichiardopol.

Joli conte ! Pour un premier film par contre, c’est encore un peu difficile d’appuyer sur le bouton ON qui met en marche l’enregistrement !

À l’heure du goûter bien mérité, Maéva Longvert nous rejoint pour animer un atelier dessin en lien avec le cinéma.

À la question « Que voulez-vous dessiner ? » La réponse suit naturellement de la part des enfants « la nature ! ».

Un petit air de brin d’herbe oublié sur la voie ferrée traine par ici.

Cliquez sur l’image pour afficher le diaporama :

photos Natacha Leguy

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Premiers pas dans le monde du cinéma

IMG_3105IMG_3137IMG_3139IMG_3194IMG_3242IMG_3222Photos Elsa Deshors

Premiers pas dans le monde du cinéma

Samedi après-midi, ciel très lumineux, bonne température.

Je gare mon camion aménagé au centre du cercle de caravane.

Des petits bancs en bois permettent aux enfants de s’installer à l’intérieur.

Ce sera notre endroit pour travailler, regarder des films et discuter.

Christian et moi en allant sur le campement, on parlait de nos doutes.

Est-ce que les enfants allaient participer à l’atelier vidéo ?

Les gamins se réunissent et grimpent dans le camion.

Christian et moi, on se met à parler chacun une langue différente en s’adressant aux enfants.

Roumain et français. Ils nous écoutent, répondent et rigolent, c’est le début de notre aventure.

Je refile l’appareil photo aux mères qui se sont installées avec nous dans le camion.

Des images fixes se mettent à bouger en s’imprimant sur la rétine des enfants,

c’est la praxinoscope, une des premières inventions qui amènera le cinéma.

Regarder les films :

réalisés par les enfants du campement de Ginestous/ Réalisatrice intervenante Elsa Deshors/ montage Elsa Deshors / traducteur Christian Lichiardopol.

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Ginestous, Nord Ouest de Toulouse, campement rroms.

Un cheval mi-blanc mi-gris traverse la route.
Échappé des mains de sa cavalière, il rentre au centre équestre le long de la Garonne.
Christian me regarde interloqué, «c’est comme une scène de film».
Traducteur roumain, il est à mes côtés pour me présenter à des familles rroms.

Pas besoin d’aller plus loin.
Les mômes du campement roulent en skate sur la route,
ils escaladent la carcasse d’une voiture sous les cris des parents fâchés.

Dans le premier cercle de cabanes nous ne trouvons personnes,
Des flaques de boues et l’odeur du brûlé.

Deuxième cercle.
Une femme âgée nous fait entrer chez elle. À l’intérieur il fait chaud et ça sent l’huile de friture.
Des tissus sont tendus aux murs, on serre des mains, « Bonjour ».
Jeux d’échecs en cours, on passe dans un autre abri.
Un marmot, les yeux noirs cheveux frisés, gambade en couche-culotte sous le regard de sa mère.
Les enfants de ces familles sont trop jeunes pour participer à l’atelier vidéo que je viens animer.

En ce moment et depuis trop longtemps, les rroms sont honteusement mis à la marge en France, montrés du doigt. L’étrange étranger qui fait peur.

L’idée de cet atelier vidéo avec des enfants rroms c’est de donnner la parole à cette population sans voix et de créer une rencontre entre /eux et nous/ par leurs films. Casser les murs et les frontières, mais laisser la joie simple de la création aux enfants.

On change encore de cercle de caravanes, «bonjour, vous voulez boire un café, un coca » ? »

Christian demande si des enfants entre 6 et 14 ans vivent ici.
Ce sont ceux qui jouaient sur la route, ils ne parlent pas français.
Il les interrogent : « vous voulez faire un atelier vidéo ? » Un sourire éclaire les visages.
L’envie de vite revenir s’agrippe à moi.

Caravane des parents, gâteau au café, coca, Redbull.
«Les enfants, ils restent au campement toute la journée, c’est pas bien, ils s’ennuient.
Il faut attendre une place à l’école. »
« Nous on se débrouille, mais pour eux c’est différent.»
Clip de musique, mélange entre des rythmes tsiganes et orientaux.

«Avec un frigo, on peut faire 5 euros, pour une voiture achetée 50 euros, on gagne 150/200 euros de féraille… »
« Je veux apprendre le français pour m’intégrer
Mais, je ne sais pas où trouver le travail.»

Déjà l’heure de se quitter avec des projets de fête et surtout un atelier vidéo…

– Allez-allez revenez vite.
– Comptez sur moi.

Cliquer sur une photo pour afficher le diaporama. Photo Elsa Deshors.

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